Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Pour une Afrique plus ambitieuse et volontaire
Pour une Afrique plus ambitieuse et volontaire
  • La liberté est la condition fondamentale de l'épanouissement de la personnalité d'un être humain, Ce blog est un lien de rassemblement de toute la jeunesse africaine. Les africains sont en train de surmonter la culture de la peur, et une fois qu'elle est
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Pour une Afrique plus ambitieuse et volontaire
Derniers commentaires
5 avril 2007

Et si la gauche sortait de l'excuse sarkozyenne qui veut KÄrchériser la jeunesse, pour l’emporter.

racisme__en_france_gare_du_nordC’était tout d’abord en 2005, en Novembre, lorsque les bévues de la politique Sarkozyenne s’encadraient dans la bêtise, un brave toulousain, je crois, constatant qu'on avait bousillé sa bagnole, dûment brûlée et le cadavre fumant tagué d'un viril et politique "Nique Sarkozy", avait explosé en disant: "Mais c'est pas Sarko qu'ils ont niqué, c'est ma bagnole!" Et cette phrase portait en elle un bon vrac de sagesse populaire.

Or donc, à l'époque, dans un paysage politico-médiatique bruissant, à gauche, d'aimable compassion pour les susdits brûleurs de caisses et de bus et d'écoles (et accessoirement de passagère handicapée dans un bus) un leader ouvrier avait refusé de marcher dans la combine: c'était Arlette Laguiller, qui expliquait justement que dézinguer la caisse du pauvre monde n'allait pas hâter l'heure de

la Sociale

, mais pourrissait juste un peu plus la vie de gens qui, déjà, ramaient pour s'en sortir. Arlette, dernière fleur de la classe ouvrière qui n'ira plus au Paradis, causait juste.

C'est pourquoi, retrouver Arlette du côté de la pensée correcte, après que d'aimables plaisantins aient entamé le dézingage joyeux de la gare du Nord, où transite le populo du 93/95 qui trime à Paname, ça fait triste. Entendre Laguiller dire que le happening de mardi, prouve "qu'il y a une colère, voire une haine contre Sarkozy et sa police, et que les mots 'Kärcher' et 'racaille' ne sont pas passés dans tous ces quartiers, où la jeunesse vit des moments difficiles", ça nique le moral, pas Sarkozy, et ça montre que les campagne électorales ne rendent personne plus intelligent, et les vétérans du bolchevisme tricolore n'échappent pas à cette règle. Et voilà les affrontements de la gare du Nord du Mardi 26 Mars s’invitent au cœur de la campagne présidentielle, Les affrontements entre jeunes et policiers ont déclenché une vive polémique entre les principaux candidats à la présidentielle.

L'aventure de

la Gare

du Nord est terrifiante; en soi, et pour ce qu'on en fait. L'immense culot de Sarkozy est devenu proverbial; plus il s'est planté, plus il a raison, la chanson est pathétique mais ça le regarde. Un pays où une émeute peut prendre, à une telle vitesse, où des jeunes, la « fameuse racaille » pointée du doigt par Maître Sarko, rassemblés à la vitesse grand V peuvent improviser, dans un lieu public, une mini-guerrilla urbaine avec des flics caparaçonnés, est un pays où l'ordre public est assez mal tenu, si on peut se permettre, ô infaillible Sarko, grand maître de la police et la paix civile depuis 2002. Les flics, qui sont les flics du peuple, de

la Nation

, nos flics, ne gagnent pas la guerre, et  sont du côté de qui ? Mais leur général s'en rengorge, et en excipe des raisons de se réjouir: l'ordre a disparu, donc je suis le mieux placé pour le rétablir, donc votez pour moi. Mais à quel titre, ô, suprême gardien d'une paix envolée, sur quel bilan?

Il serait si simple pour la gauche et le centre de pointer ce lamentable échec, et de s'en tenir là. Si simple, en somme, pour Royal et Bayrou, de marteler que Sarkozy a failli à sa mission, a laissé choir les policiers et braves gens qu'ils doivent protéger, a perdu une guerre sacrée, et est donc indigne, du coup, Mac Tyer s’invite dans la polémique, avec son fameux « 93 tu peux pas test », il dit par exemple : nique sa mère Sarko nous rend la vie infernale !! (…) j’oublierai jamais les banlieues qui ont brûlé, peut être que cette fois-ci mon gros j’irai voter (…) …etc.

Prenons la déclaration de la candidate socialiste: "Qu'un contrôle puisse dégénérer à ce point dans de graves incidents entre plusieurs centaines de personnes et la police nationale traduit une inquiétante dégradation de la confiance réciproque entre le service public de la sécurité et nos concitoyens." Ca a l'air vrai. Mais c'est à côté de la plaque. Sous la main, étrangement, comme si quelque chose la retenait. L'émeute en elle-même est ce qu'il y a de terrifiant. La destruction, le feu, l'ultra-violence, c'est cela qui pose problème, pas la protestation initiale contre l'interpellation musclée du «  fraudeur » congolais (dont on apprend, ouf, qu'il n'est pas clandestin aux 22 signalements, mais en règle aux 7 condamnations -respirons donc)...

Ce qui s'est passé gare du Nord, et ce que l'on en a vu à la télévision, renvoie aux plus durs affrontements de novembre 2005, aux commandos qui lattaient et mâtaient les gentils lycéens anti-CPE, à la bataille rangée des Invalides, quand des dizaines de "cailleras" avaient massacré manifestants et manifestantes... C'est cette violence brute, "barbare" aime dire la droite qui se gargarise la bouche des mots que la gauche n'utilise plus, qui peut terrifier. Et celle-ci a peu à faire avec le "rapport de confiance entre la police et la population"... Cette violence ultra plombe la société. Et détruit assez de gens, dans les couches populaires, pour qu'on attende que la gauche s'en préoccupe.

Malgré sa volonté initiale, Ségo s'est laissée happer par la langue de coton d'une gauche jamais guérie de sa dénégation de la question sécuritaire. Une dérive moralisante, fastoche confortable en somme, peut-être payable électoralement, croit-on, dans les quartiers... Et accélérée, évidemment, par les indéniables dérapages policiers, les réelles brutalités de fonctionnaires qui, parfois, oublient qu'ils sont au service du peuple -peuple des cités aussi- et par la jactance épuisante de Sarkozy...

Résultat? Une incapacité à dire les choses autrement qu'en discours politicien; évacuer la question de la violence pour s'en tenir à un simple dézingage de Sarkozy; perdre le fil du simple bon sens...

Et surtout, la gauche en est venue à un déséquilibre dont elle était sortie, au vieux temps du
colloque de Villepinte, de Jospin et de Chevènement, dont on aurait cru que Royal et ses conseillers allaient reprendre le flambeau... La sécurité, première des libertés pour les couches populaires? On ne l'entend plus, ou bien mal, dans lamas de pathos et de symboles surjoués.

Ainsi, Clichy-sous-Bois, les deux jeunes morts du transformateur EDF, et les émeutes qui suivirent. Dans le geste de Royal, il ne reste que
la commémoration de Bouna et Zyied, dans une imagerie renvoyant aux martyrs de la gauche, une gauche qui portaient les espoirs de ces immigrés et de

la France

, ces martyrs de squats, qui sont devenus les symboles d’une France qui bave et paie le prix d’un malaise social profond ... Qu'un politique majeur montre que les deux jeunes gens ne seront pas oublié est évidemment louable, compréhensible, heureux -tant de jeunes gens sont morts, dans nos arièrre-cours, dans l'indifférence générale... Mais cette commémoration fait passer à l'as ce qui devrait être la trame même d'un discours de gauche complet et cohérent; les émeutes de novembre ne sont plus vues que comme une irruption sociale; les policiers comme les agents d'un ordre injuste, voire, subliminalement, comme les assassins de facto du drame du transformateur; et on oublie que Claude Dilain, le maire socialiste de Clichy-sous-Bois, a réclamé, des années durant, qu'on installe dans sa commune un commissariat!

La gauche fait des ellipses, et ce faisant, génère ses propres injustices. Elle a aussi ses morts oubliés, et produit son sarkozysme à front renversé. Cela nous renvoie au célèbre mot, "Kärcher", l’ellipse de Sarko, et est resté, comme une preuve de la malignité sarkozyenne. Les socialistes s'en gargarisent, et même Arlette Laguiller. Sidi-Ahmed, 11 ans, mort le 19 juin 2005 d'une barbarie qui existe bel et bien, a été oublié. Lui non plus n'a pas de monument qu'on visite en campagne présidentielle, pour se faire bien voir d'un public larmoyant. Mieux vaut périr dans un générateur EDF, parce qu'on a eu peur de la police, qu'être tué, délibérément ou par hasard, par des voyous contemporains... Mais de là où ils sont, les morts, espérons-le, se moquent de nos pantomimes.

Pourtant, la gauche peut l’emporter le 9 Mai, si elle parvient à faire de la paix, de l’unité nationale et de la tolérance ses chevaux de bataille.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité