Jusqu’où ira la Chine.
En à peine plus de deux décennies, la chine a fait irruption sur la scène économique internationale, sans que quiconque, ait pronostiqué une telle percée. Cette « transformation silencieuse », amorcée au lendemain de la mort de Mao Zedong, a éclaté aux yeux du monde après son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce, en 2001. Parmi les ressorts de cette croissance effrénée : la volonté de retrouver la place qu’occupa l’empire du Milieu, du XVIe au XVIIIe siècle, comme puissance à la fois commerçante et culturelle.
Je disais un jour à mes amis, nous étions à Pointe-Noire en 1999, Dave Moungalla, Dolin Makosso, N’zaou Tsimbi, Ibara Françis ou Ahmed ab-el Kader, le pays de Mao est devenu un gigantesque géant qui fait traumatise à l’occident, aujourd’hui elle dispose d’un arsenal économique impressionnant.
Tout en consolidant ses forces économiques encore dépendantes de l’extérieur, Pékin construit pas à pas une nouvelle diplomatie, en se débarrassant progressivement des dogmes d’hier. Malgré des réticences dans la région, elle est partie prenante des principales organisations économiques ou politiques de l’Asie ; elle a réussi à normaliser ses rapports avec ses principaux voisins, même s’ils demeurent difficiles avec le Japon. En Afrique comme en Amérique centrale et latine, elle mène une diplomatie active, où se mêlent intérêts économiques et visées stratégiques. Néanmoins, sur le plan intérieur, le développement inégalitaire et l’autoritarisme politique constituent de réelles fragilités.
Les réformes économiques et l’apport des capitaux étrangers (asiatiques, en premier lieu) ont dynamisé le pays, tout en entraînant plusieurs déséquilibres. Sur le plan extérieur, le commerce chinois est excédentaire avec l’Union européenne et les Etats-Unis, mais déficitaire avec les pays d’Asie, et les exportations sont encore majoritairement réalisées par des entreprises étrangères. Sur le plan intérieur, les inégalités se sont creusées, notamment entre les régions côtières et le reste du territoire, entre les villes et les campagnes. La transformation du pays est fulgurante. Pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur ? Le recul de la pauvreté, même si elle est loin d’être éradiquée ; l’accès à la consommation, même si elle tend à devenir la valeur centrale ; une plus grande liberté de mouvement et un accès plus diversifié à la culture, même si des accès d’autoritarisme saisissent régulièrement le pouvoir... Le pire ? Des conditions de travail d’un autre âge, qui ont conduit à quelque 120 000 accidents en 2004, selon les spécialistes ; une corruption tentaculaire que le gouvernement central n’arrive pas à endiguer ; une pollution sans précédent même si Pékin se montre plus soucieux de l’environnement ; une répression des acteurs du mouvement social, dès lors qu’ils menacent le système... Toutefois, des militants d’associations et des intellectuels de gauche cherchent une voie chinoise de développement qui renoue avec la tradition de rayonnement culturel et plonge dans la modernité du XXIe siècle. Mais leurs débats ne parviennent pas sur la scène publique.
Mao Zédong dans sa tombe, ne pouvait imaginer que, plus de 30 ans après sa mort, le visage de la chine ait changé de façon incroyable. Elle est désormais « politiquement communiste et économiquement capitaliste ». L’un des Etats les plus fermés sur tous les plans du monde décide d’ouvrir son marché aux investisseurs et aux capitaux étrangers. Le 11 décembre 2001,
la république populaire de chine devient le 143e pays membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Après la mort de Mao, une vitalité surprenante
Cette adhésion est acquise après quinze (15) années de travaux préparatoires pour se conformer aux exigences d’une économie de marché. Elle met également fin à l’une des plus longues et difficiles négociations de l’histoire de l’empire du Milieu. « Moment historique pour l’omc, pour la chine et pour la coopération économique internationale », a qualifié Mike Moore, directeur général de l’organisation à l’époque.
Bénéficiant déjà d’un droit de veto au sein du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) -un atout certain pour se faire entendre sur la scène internationale-
la Chine la France
Aussi, Le gouvernement de Pékin a pris des mesures fiscales et douanières pour attirer les investisseurs étrangers et encourage l’implantation de ses entreprises à l’extérieur. Avec sa main d’œuvre abondante et bon marché, l’empire du Milieu est devenu un eldorado pour tout homme d’affaires soucieux de maximiser ses profits et d’amoindrir ses coûts de production. « L’union européenne pourrait devenir en 2005, le premier partenaire commercial de la toute puissante chine.
En Afrique comme en Amérique centrale et latine, elle mène une diplomatie active où se mêlent intérêts économiques et visées stratégiques », indique le « Centre français sur
la chine contemporaine » (CFCC).
Après avoir chamboulé l’industrie textile, perturbé le secteur de l’automobile et fait monter les cours des matières premières, la république populaire de Chine attire les industriels du monde entier et suscite la crainte de ses partenaires. La délocalisation de plusieurs usines européennes et africaines vers la Chine
Le pays de Mao veut combler la vétusté de ses infrastructures : les ports, les routes, les chemins de fer ... Pour ce faire, l’empire du Milieu s’est lancé dans l’exploitation des matières premières (pétrole, fer, bois, cuivre...) à travers le monde, la Chine
L’Organisation mondiale des migrations (OMM) évalue à cent cinquante (150) millions le nombre de Chinois vivant à l’étranger. Selon le Fonds monétaire international, le pays dispose d’une réserve en devises estimées à neuf cents (900) milliards de dollars US.
Plus que jamais, elle fascine et préoccupe. Son développement menace les emplois, pousse les prix du pétrole et des matières premières à la hausse, contribue au réchauffement planétaire. Atelier du monde et formidable marché potentiel, elle est désormais une destination incontournable pour les investisseurs du monde entier, de l’automobile aux télécoms, du luxe à la grande distribution.
En dix ans, elle est devenue l'épicentre de la mondialisation, à la fois usine du globe et marché fabuleux. Mais l'empire a aussi ses multinationales. Et sa croissance effrénée n'est pas sans risque.
Ravel Thombet