L’ Enigmatique Sarkozy.
Nicolas trouvera t-il une place dans l’histoire ? Cela est peut être déjà fait, ou cela se fera. Dans mes écrits antérieurs, j’ai toujours évoqué le paradoxe Sarkozy, un homme très compétent, intelligent, pugnace, pragmatique, ambitieux, mais qui malencontreusement est un petit führer, un homme aux allures d’un vilain satrape, un habile absolutiste.
Sarkozy a du bagou et il le sait, un bagou époustouflant, un homme à la verve raffinée, aussi il est d’une loquacité aiguisée, d’une subtilité dévorante et d’une fâcheuse malice. Vous l’avez sans doute remarqué, la façon dont il a fait plonger De villepin dans la gadoue.
Avec lui, la 5e république prend une nouvelle dimension aux allures d’un homme qui se veut le centre de toutes les attractions politiques, c’est un homme habile et incroyablement vindicatif, et qui ne s’offusque point de son omniprésence quotidienne, il a un don d’ubiquité, ironisait un de mes amis. L’homme disait avoir changé, et vouloir changer les habitudes, façonner la politique française à sa manière, mais de quelle manière parlait t-il ? Une sorte de sarkoland ?
Le président est un passionné de la toute puissance américaine, un homme épris de l’Amérique, un vil enthousiaste du pays de l’oncle Sam et de ses fortunés, et d’ailleurs il ne s’en cache pas lorsqu’on lui pose la question, c’est un homme du pouvoir, des finances, des médias.
Il y a trente ans tout juste le 13 mars 1977, il faisait son entrée au conseil municipal de Neuilly, trois décennies plus tard, le «petit Nicolas» en est devenu le Maître incontesté, et incontestable de la république française, une sorte de nouveau Napoléon ou d’un George Bush à l’européenne, ou mieux d’un puissant président Africain style Mobutu, Kadhafi ou Ben Ali. Il est l’homme qui veut faire la nouvelle France, et pérenniser les valeurs du travail, de la république, du gaullisme, du pouvoir, de l’état, de la puissance, du CAC 40 et de l’argent.
Sarkozy c’est l’homme à tout faire. La politique de communication de sa présidence rappelle celle des régimes bananiers des années 1970 et 1980, une politique axée sur la personnification des dirigeants.
La république ne bascule t-elle pas dans cette même réalité avec le pouvoir de Sarkozy ? Non bien sûr, et comparaison n'est pas raison. D'ailleurs, les institutions françaises n'ont rien de comparable avec celles de ces états bananiers. C'est d'abord une des grandes démocraties du monde occidental où l'indépendance des médias et de la justice est scrupuleusement respectée et où l'alternance politique est un dogme respecté par tous. Mais ces médias ne font-ils pas le jeu du pouvoir en place ou ne sont-ils pas en train de façonner un personnage à l'image d'un roi ? Je vous avais parlé dernièrement du rôle inique des médias lors de son élection.
Pour Sarkozy, tous les moyens sont bons pour asseoir sa grandeur, sa popularité, son hégémonie, sa renommée. Et personne ne fait le poids vis-à-vis du nouvel homme fort de l’Elysée ; la facilité avec laquelle il puise dans les rangs des socialistes fait croire aux français qu'il est vraiment fort et capable de relever le défi et, pourtant, ce n'est pas vrai. Sarkozy est en train de mettre lentement et en miette toute opposition contre sa politique, et pour mieux faire passer ses réformes il a besoin des gens qui croient à la nouvelle toute puissance française, le retour de la république sur la scène internationale. Les personnalités politiques ont toujours cette tendance à faire croire aux gens qu'ils sont plus à même de relever le défi que leurs prédécesseurs...
À force de parler, à force d'apparaître dans la vie de tous les jours, on fait croire aux gens qu'on est la personne capable de relever le défi. On croirait, que l'ex-président Jacques Chirac ne valait rien et que c'est Sarkozy qui aurait dû être à sa place depuis longtemps. Tous ces tapages sur le changement, le style, ne sont que le résultat des méthodes de communication de Sarkozy ; puisque la pratique du jogging se faisait avant lui, les réformes aussi ont existé avant lui...
Ce qui se passe en France avec le débauchage des grands ténors du Parti socialiste français, récupérer les opposants de taille pour bien régner et asseoir son pouvoir pour longtemps. Pendant ce Tour de France 2007, la présence de Sarkozy sur le capot d'une voiture a laissé les gens incrédules, perplexes et dubitatifs.
Ses gestes, ses mimiques, son téléphone portable toujours à l'oreille font que les gens le remarquent et le reconnaissent. L’étonnante libération des infirmières bulgares en Libye a encore propulsé ce président omniprésent au devant de la scène.
Pendant que la gauche demande la transparence, le fils de Kadhafi met l’huile au feu, et dit qu’il y a eu des contreparties pour la libération des otages, M. Sarkozy a réaffirmé mercredi que cette libération s'était faite sans "aucune" contrepartie, l'Elysée assurant qu'il "n'y avait pas eu de contrat d'armement signé à l'occasion de la visite de Nicolas Sarkozy en Libye".
Incompréhensible me dira t-on ? Parjure je répondrai.
On a du mal à saisir les propos amphigouriques de Sarkozy sur la libération de ces infirmières bulgares, un ami me disait encore ce matin (Dave Moungalla ndrl) : Sarkozy est d’une sottise abyssale, vrai ou faux, j’en conclurait plus tard, dans cinq ans peut être.
Dans la démocratie de Sarkozy la transparence, ne fait pas bon ménage avec les affaires, on signe un contrat d’armement avec la libye, puis aucune déclaration officielle n’est faite par l’Elysée, un contrat ignoré par le quai d’Orsay et le ministère de la défense, on est face à un grand problème de méthodes, celles de Sarkozy ne satisfont guère l’opinion publique qui voit d’un mauvais œil ses décisions unilatérales, des décisions digne d’un despote.
Dans un pays comme la france, la transparence devrait être la règle, mais on est plutôt en face d’un président dont les méthodes surprennent plus d’un. Sarkozy n’a pas encore décliné les axes réels de sa vraie politique, et les jours qui viennent ne manqueront pas de surprise.
Ce que je craignais commence à prendre forme, et très vite l’élection de 2007 sera dans les mémoires, mais Ségolène Royal n’était pas la bonne candidate face à un Sarkozy, grand stratège, pragmatique, ambitieux, cacique, compétent, éloquent, convaincant et très pugnace. Quant à mon ami Dave, en toute honnêteté, voit en Sarkozy l’homme du renouveau, celui qui garantira la prospérité économique de la france.
J’espère que ma douce satire, aussi probe qu’elle soit, fera office de corridor pour les égarés, ceux qui se perdent déjà dans le dédale du labyrinthe sarkozyste. Je me souviens d’une chose, Mon vieil ami Gareng Dolin me fit remarquer un jour que mes envolées pamphlétaires sont d’une superbe et que, je devrais être plus concis pour permettre à chaque personne la bonne digestion de mes écrits, telle une brioche dorée sur une langue savoureuse, mais au fond suis-je un affable polémiste, un éloquent pamphlétaire, ou j’ai simplement la verve railleuse d'un persifleur ? Excusez du peu.
Ravel Thombet.